Les Voleurs de sexe

11 novembre 2009

voleurs_sexeDans le cadre du séminaire “Anthropologie de la mémoire” organisé par Carlo Severi,

Julien Bonhomme (musée du quai Branly) présentera son livre:

Les Voleurs de sexe. Anthropologie d’une rumeur africaine (Seuil, 2009)

le mercredi 9 décembre de 14h à 16h au musée du quai Branly (salle de cours 2).

Quatrième de couverture :

C’est en mars 2001 au Gabon que Julien Bonhomme entend pour la première fois parler des « voleurs de sexe ». Des individus sont accusés d’avoir fait disparaître les organes génitaux d’inconnus dans la rue, à l’occasion d’une banale poignée de mains. Les incidents se multiplient et plusieurs voleurs présumés sont lynchés. Il ne s’agit pas d’un cas isolé : les vols de sexe ont déjà touché à différentes reprises une vingtaine de pays d’Afrique subsaharienne depuis les années 1970.

Comment rendre compte d’un tel phénomène, inédit par son ampleur spatiale et temporelle, sans tomber dans le cliché d’une Afrique perçue sous l’angle de l’altérité exotique ? Critiquant la conception péjorative qui surdétermine le regard savant sur les rumeurs, l’auteur de ce livre n’envisage pas le vol de sexe en termes de pathologie ou de superstition, mais s’attache à mettre au jour les facteurs qui expliquent le succès culturel de cette rumeur singulière sur une si vaste échelle. Il articule vue d’ensemble et vue de détail afin de rendre compte tant de la diffusion internationale de la rumeur que des situations d’interaction au sein desquelles surviennent les accusations.

Plutôt qu’une anecdote prêtant à rire, le vol de sexe ne serait-il pas une affaire exemplaire permettant de comprendre l’Afrique urbaine contemporaine, les formes de sociabilité et les modes de communication qu’elle suppose ?

L’art et ses agents

4 juin 2009

gell1À l’occasion de la parution du livre d’Alfred Gell, L’art et ses agents. Une théorie anthropologique, traduction française d’Art & Agency. An anthropological theory (1998), aux Presses du réel, le département de la recherche du musée du quai Branly organise une présentation - débat en présence le Vendredi 12 juin 2009 à 18h au salon de lecture Jacques Kerchache du musée.

Il s’agira de discuter de l’actualité et des débats que le livre de Gell a contribué à soulever en anthropologie et en histoire de l’art. La discussion sera lancée par une brève introduction croisée d’un anthropologue (Olivier Allard, University of Cambridge) et d’un historien d’art (Philippe-Alain Michaud, Centre Pompidou). Seront également présents (liste non exhaustive) Maurice Bloch, Philippe Descola, Carlo Severi, Thierry Dufrêne, Ludovic Coupaye, Denis Vidal, Brigitte Derlon, Monique Jeudy-Ballini…

Quatrième de couverture :

L’art et ses agents, ouvrage posthume paru en 1998 sous le titre Art and agency, est sans doute l’une des anthropologies de l’art les plus singulières et les plus fécondes. Plutôt que de penser l’œuvre d’art en terme de beauté, Alfred Gell propose de la situer à l’intérieur d’un réseau de relations entre agents et patients qui manifestent une certaine agentivité (agency) par l’intermédiaire de l’œuvre. Cette théorie a une vocation universelle : il s’agit moins de relativiser le système occidental de l’esthétique que de se rendre sensible aux mécanismes de l’intentionnalité, des ignames décorés de Nouvelle-Guinée aux ready-made de Duchamp.

Pour universelle qu’elle soit, cette théorie demeure bien anthropologique : envisager l’œuvre d’art implique que l’on s’intéresse aux contextes de sa production et de sa circulation. C’est pourquoi Alfred Gell entend produire pour l’art ce que Marcel Mauss ou Claude Lévi-Strauss ont théorisé pour les systèmes de l’échange ou de la parenté. Empruntant à la linguistique d’Umberto Eco et à la sémiotique de C. S. Peirce (sans se plier à leurs principes interprétatifs), les termes qui entrent en jeu dans une combinatoire propre à l’objet d’art sont l’indice (l’objet lui-même), l’artiste, le destinataire et le prototype – le « réseau de l’art » désignant l’ensemble des relations qui font qu’un objet d’art est reconnu comme tel par les différents acteurs sociaux.

Les attitudes que nous avons face à ces objets doivent être comprises en les rapprochant des systèmes de causalité propres à la sorcellerie : nous inférons à travers l’objet d’art la présence d’une personne disséminée. Cette théorie déplace doublement les termes de l’esthétique occidentale (dont le concept de style) car il s’agit non seulement d’abolir les frontières théoriques entre l’art « ethnographique » des musées et celui, bien vivant, qui est produit et circule dans les sociétés, mais aussi de trouver la trame cognitive commune à La Joconde et aux proues de navires mélanésiens. L’objet d’art, dans toute culture, a un certain pouvoir de fascination, qu’on ne peut comprendre qu’en saisissant l’ensemble des interactions sociales qui président à son émergence.

Traditions et temporalités des images

4 juin 2009

tradtempÀ l’occasion de la parution du livre Traditions et temporalités des images, dirigé par Giovanni Careri, François Lissarrague, Jean-Claude Schmitt & Carlo Severi (éditions de l’EHESS, 2009), le département de la recherche du musée du quai Branly organise une présentation - débat en présence des auteurs le Vendredi 5 juin 2009, de 18h30-20h, au Salon de lecture Jacques Kerchache du musée.

Quatrième de couverture :

Derrière les traces du temps qu’elles reflètent, que nous racontent les images ? L’enjeu est-il notre propre mémoire ? Avec pour point de départ ces questions, historiens, anthropologues et historiens de l’art analysent plus de vingt-cinq siècles de productions artistiques d’Europe, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique. La multiplicité des temps n’a d’égale que la faculté infinie de chaque image de les mettre en consonance. Les images sont le reflet de leur époque, de la vie de leur créateur; elles témoignent de traditions techniques, iconiques, mettent en scène des civilisations lointaines, évoquent passé, présent, futur. Si l’axe historique est privilégié, des rapprochements moins convenus sont faits entre chaque séquence de ce collectif: le temps de la production des images, l’image comme trace mémorielle, la mise en scène de la complexité des temps, la fin des temps comme horizon de la figuration (eschatologie, utopie), le métissage culturel et des conceptions du temps, les reformulations techniques et idéologiques de l’image contemporaine. L’approche, riche et variée, fait (re)découvrir des chefs-d’œuvre de l’art aussi bien que des joyaux méconnus. Les cent vingt planches en couleurs magnifient ces analyses originales.

Une image peut en cacher une autre

6 mai 2009

dali A l’occasion de l’exposition “Une image peut en cacher une autre” qui se tient au Grand Palais du 8 avril au 6 juillet 2009, une journée d’études autour du thème de l’ambiguïté visuelle est organisée le 6 mai à partir de 14 heures au musée du quai Branly par Carlo Severi, Thierry Dufrène et Denis Vidal, en présence du commissaire de l’exposition, Jean-Hubert Martin.

Présentation de l’exposition :

Facinés par les phénomènes optiques et curieux d’explorer leur médium, les artistes sont à l’origine d’une longue histoire où ils jouent aussi bien avec l’image qu’avec le spectateur. Trouvant un support à l’imagination dans des formes naturelles ou accidentelles, ils ont fait de même avec leurs propres créations. Ils suggèrent des aspects implicites ou cachés et multiplient les manières de voir et d’interpréter leurs œuvres. Ils ont ainsi exploité l’ambiguïté visuelle et produit des images doubles dans un esprit ludique, pour introduire des niveaux de signification accessibles aux initiés, et pour réfléchir à la perception, la représentation et l’invention visuelles. Tout le monde connaît Arcimboldo et ses portraits composites, dont certains sont aussi réversibles, et le maître moderne de l’image ambiguë qu’est Dalí. Mais beaucoup d’autres images multiples ne sont connues que de peu et on s’est longtemps méfié du caractère subjectif de leur reconnaissance, préférant les attribuer au hasard. C’est pourquoi les commissaires de l’exposition ont pris le parti de ne montrer que des œuvres qui peuvent faire l’objet d’un consensus et dans lesquelles on a de bonnes raisons de penser que l’ambiguïté a été consciemment voulue par l’artiste. A l’issue d’une sélection rigoureuse, ils ont retenu quelques 250 objets – peintures, dessins et gravures, mais aussi sculptures et films – de provenances très diverses et qui s’éclairent les uns les autres. Ils composent une autre histoire de l’art, de la préhistoire au temps présent, tout en mettant en évidence des thèmes et motifs récurrents comme le paysage anthropomorphe, l’analogie entre visage et torse, l’ambiguïté sexuelle, l’illusion spatiale ou encore l’interprétation de taches comme dans le test de Rorschach.

Une place particulière revient à Dalí, qui a consacré son œuvre à la création d’« images à figurations multiples » proposant des scénarios divers, aussi énigmatiques qu’imprévisibles. C’est d’ailleurs sous le signe d’une toile fameuse de l’artiste, L’Enigme sans fin (1938), qu’une première mouture de l’exposition fut présentée en 2003 au Museum Kunst Palast de Düsseldorf. L’exposition parisienne reprend le même concept mais en donne une version entièrement renouvelée et considérablement enrichie. Elle réunit autour des toiles du maître catalan des œuvres provenant d’époques et de sphères culturelles diverses qui incluent tous les continents. Leurs sujets incluent la figure humaine, illustrée par les images des Saisons d’Arcimboldo, le paysage qui va de la Renaissance à Max Ernst, ou l’architecture avec les perspectives impossibles d’Escher ; mais ils mettent aussi en cause la séparation des genres et des règnes et rapprochent ou mêlent le monde des humains, celui des objets et la nature tout entière. Ils combinent aussi souvent l’image et le langage, conformément à la parenté entre l’image multiple et le jeu de mots. L’art contemporain est particulièrement riche de ce point de vue et apporte des techniques et des formes nouvelles d’ambiguïté visuelle, dont les extraordinaires anamorphoses tridimensionnelles du suisse Markus Raetz. De Michel-Ange à Raetz en passant par les miniatures persanes ou les cartes postales érotiques du tournant de 1900, l’exposition retrace le panorama riche et étrange d’une pratique aussi singulière qu’elle est répandue. Elle porte notre attention sur la diversité des chemins empruntés par les artistes jouant avec la perception visuelle et met l’accent sur la complexité et la permanence de ce principe de création. Les images doubles et multiples ont souvent été considérées comme douteuses ou marginales. L’exposition montre qu’il n’en est rien et qu’en interrogeant la perception, images cachées et sens multiples peuplent les plus grandes œuvres d’art. Elle entend promouvoir le dialogue que ces œuvres recherchent avec un spectateur actif. Véritable événement, cette exposition est une occasion inédite de revisiter l’œuvre de nombreux artistes et d’en découvrir les dessous les plus inattendus.

Communication de François Berthomé

27 avril 2009

Dans le cadre du séminaire “Anthropologie de la mémoire” organisé par Carlo Severi,

François Berthomé (doctorant, EHESS) présentera son travail sur:

Les évanouis. Analyse des ressorts interactifs de la transe dans la cérémonie garifuna du dügü (Bélize)

le mercredi 29 avril de 14h à 16h au musée du quai Branly (salle 2).

Conférence de Johannes Neurath

7 avril 2009

Dans le cadre du séminaire “Traditions iconographiques et mémoire sociale organisé par Carlo Severi, Denis Vidal et Giovanni Careri,

Johannes Neurath (professeur au musée national de Mexico) a donné une conférence intitulée:

Entre ritual y arte: anacronismo, pathos y fantasma en los medios de expresion huicholes

le jeudi 2 avril de 18h à 20h au musée du quai Branly.

Atelier de travail

3 avril 2009

La matinée du 3 avril 2009 a été consacrée à un atelier de travail organisé par Julien Bonhomme et Carlo Severi au musée du quai Branly. L’atelier a notamment porté sur la problématique, les thématiques, le calendrier et les perspectives de recherche dans le cadre du projet ANR.

Étaient présents : François Berthomé, Julien Bondaz, Emmanuel de Vienne, Grégory Delaplace, Pierre Déléage, Arnaud Halloy, Roberto Limentani, Sophie Moiroux, Tommaso Montagnani, Johannes Neurath, Sarah Shroukh, Charles Stépanoff, Margarita Valdovinos.

Les hiéroglyphes micmacs

23 mars 2009

Pierre Déléage
présentera une communication sur le thème

Les hiéroglyphes micmacs

L’historien Ignace J. Gelb estimait, dans son ouvrage A Study of Writing, qu’une écriture purement logographique, c’est-à-dire dénuée de composants phonographiques systématisés, n’avait jamais existé. Il considérait impraticable la mémorisation de “milliers de signes pour des milliers de mots” et en concluait qu’un système logographique n’aurait pu être qu’extrêmement instable. Son argument a été unanimement accepté et il est indéniablement vrai en ce qui concerne les quatre grandes écritures originelles (mésopotamienne, égyptienne, chinoise, maya) qui étaient toutes soit logo-syllabiques, soit logo-consonantiques. Les hiéroglyphes des Micmacs (groupe algonquien du Nord-Est de l’Amérique du Nord) forment cependant un contre-exemple intéressant : il s’agit d’une écriture logographique qui demeura stable pendant un peu plus de deux siècles (de 1677 à la fin du 19e siècle). Cette écriture s’est constituée à l’intersection de l’écriture phonographique des missionnaires catholiques et des divers procédés pictographiques des Amérindiens de la région. Nous étudierons les conditions très particulières de sa stabilisation et montrerons que cette technique d’inscription, loin d’être isolée, a été inventée à plusieurs reprises, dans des contextes similaires d’évangélisation, au Mexique, dans les Andes et au Canada.


Mercredi 8 avril de 14h à 16h
Salle 2, Musée du quai Branly, 218 rue de l’université, 75007 Paris

Anthropologie et histoire des arts de la mémoire

17 mars 2009

Longtemps associés aux travaux classiques de Frances A. Yates, les arts de la mémoire de la tradition occidentale ne reflètent cependant plus, pour les historiens d’aujourd’hui, la survivance d’une conception «magique» du monde. Adoptant une perspective proche de l’anthropologie sociale, Mary Carruthers et Lina Bolzoni ont plutôt proposé de considérer les artes memorandi comme des techniques de «fabrication» de la pensée, orientant un vaste ensemble de pratiques liées à la mémorisation et à l’imagerie mentale. En fait, étudier la mémoire, c’est toujours étudier une pensée à l’œuvre. La recherche sur le terrain a ainsi fait apparaître l’existence de plusieurs autres types de techniques mnémoniques, en Océanie, en Afrique et en Amérique. Nous formulons ainsi l’hypothèse qu’une logique de la mémorisation par l’image oriente nombre de traditions jusqu’à présent appelées «orales». Il s’agira donc de reconstruire, en dialogue avec les enquêtes des historiens, une anthropologie de ces arts de la mémoire. Autant dans ses formes antiques que médiévales, le cas occidental apparaîtra en définitive comme l’une des formes possibles d’une série idéale de techniques d’exercice de la pensée conduisant à la mise en place d’une tradition.

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Anthropologie et pragmatique

16 mars 2009

L’acte verbal n’est pas seulement pris dans une interaction sociale, il peut en être la source, l’instrument ou l’enjeu. Cet aspect pragmatique de la parole a depuis longtemps intéressé les anthropologues, dans la mesure où l’on peut dire que le sens d’une proposition est pleinement comparable à un acte efficace. Cette intuition forte est pourtant restée sans véritable écho ou, du moins, n’a jamais été entièrement prise au sérieux. L’enjeu de la rencontre entre linguistique et anthropologie porte sur la définition du concept de « contexte » : strictement limité aux moyens linguistiques d’expression pour les uns, il est nécessairement élargi à d’autres formes de communication pour les autres. Comment, par conséquent, imaginer un style d’analyse capable d’inclure les acquis techniques de l’analyse des linguistes, mais aussi de tenir pleinement compte de l’apport des moyens de communication non linguistiques ? Comment articuler une approche fondée sur l’identification des indices linguistiques du contexte et une approche centrée sur l’étude des modalités sociales de l’interaction ? Et peut-on à partir de cette perspective croisée jeter un regard nouveau sur la communication rituelle ?

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Image en actes : objet et action rituelle

16 mars 2009

nkisiUne anthropologie de l’art n’est pas séparable d’une anthropologie du rituel, comme Alfred Gell l’a bien montré. Nous nous proposons ainsi d’étudier les relations sociales spécifiques que les agents d’une société établissent à travers la production d’objets, de substances et d’images. La prise en compte des dimensions pragmatiques et performatives des artefacts est de ce point de vue essentielle. En effet, les objets ne sont pas de simples supports inertes d’un symbolisme, mais constituent de véritables moyens d’agir sur autrui, des dispositifs complexes de médiations investis de sens, de valeurs, d’intentionnalités spécifiques. L’« agentivité » attribuée aux objets repose sur la mise en place d’identités complexes résultant de l’établissement de relations rituelles et non d’une prétendue tendance universelle à l’anthropomorphisme. Il faut donc chercher à définir le type d’identité qui se trouve transféré sur les objets, ainsi que les types de relations rituelles (d’autorité, d’action thérapeutique, d’influence ou d’identification) que l’on peut entretenir avec eux.

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Écritures rituelles

16 mars 2009

ositeluParmi les innovations rituelles au sein des sociétés dites à tradition orale, l’écriture tient sans conteste une place d’importance. Il peut s’agir aussi bien de l’invention d’un nouveau script que de la réappropriation d’une graphie déjà existante. Ainsi les « prophétismes scripturaires » s’appuient souvent sur un usage iconique de l’écriture qui sert avant tout à manifester l’autorité charismatique du prophète. Loin d’être le reflet d’une pensée magico-religieuse immuable, l’idéologie de l’écriture qui sous-tend ces usages rituels est inséparable de la situation dans laquelle elle prend sens. L’écriture n’est en effet pas une technologie cognitive neutre qui produirait partout et toujours les mêmes effets : elle s’inscrit nécessairement dans un contexte social, culturel et historique qui lui donne forme. Technique de pouvoir autant que de savoir, l’écriture est intimement associée à ces deux pivots du pouvoir colonial que sont la mission et l’administration. En l’intégrant à leurs traditions religieuses, les spécialistes rituels cherchent ainsi à s’approprier par mimétisme les pouvoirs de l’écriture.

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Image prophétique

16 mars 2009

En sus du message religieux qu’ils délivrent, les mouvements prophétiques impliquent également bien souvent des actes d’invention d’images. En effet, de nouvelles techniques d’expression, de diffusion et d’argumentation sont mises en œuvre afin de stabiliser doctrines et dispositifs rituels. De ce point de vue, il convient d’envisager comment des formes de légitimation, des types de discours, des configurations iconographiques ou des techniques d’inscription sont associés par les acteurs de ces mouvements afin de transmettre à des audiences souvent culturellement diversifiées un nouveau répertoire narratif et rituel qui puisse à la fois capturer leur imagination et susciter le prosélytisme. Nous entendons ainsi rouvrir le dossier des mouvements prophétiques en nous penchant avant tout sur les contenus qu’ils parviennent à diffuser (plutôt que sur les circonstances de leur apparition) afin de mieux comprendre comment une innovation devient une tradition ou, au contraire, échoue à se stabiliser.

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Graphismes et pictographies traditionnels

16 mars 2009

Notre approche des traditions graphiques et pictographiques s’appuie sur la conviction que celles-ci doivent nécessairement être appréhendées en fonction de leur contexte d’usage et non selon une perspective sémiotique qui les réduirait à de simples avant-courriers de l’écriture phonographique. C’est pourquoi l’étude de ces traditions doit d’abord prendre en compte le dispositif rituel, d’apprentissage ou d’utilisation, au sein desquels elles se trouvent systématiquement enchâssées. De ce fait, une attention particulière doit être portée aux relations qui unissent ces traditions graphiques à des discours rituels eux-mêmes fortement contraints et déjà très largement stabilisés par des principes poétiques ou rhétoriques. Toutefois, cette perspective ne doit pas conduire à une réduction de ces traditions graphiques aux discours rituels auxquels elles sont associées ; de par leur nature distincte, elles font usage de leur potentiel expressif de diverses manières, débordant ainsi toujours leur assujettissement apparent à l’oralité rituelle.

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Anthropologie de l’art : création, rituel, mémoire

16 mars 2009

New American Nkisi (©Roscoe Wilson)

Ce blog, créé et administré par Julien Bonhomme et Pierre Déléage, a pour vocation de rassembler, diffuser et archiver les informations concernant le projet de recherche Anthropologie de l’art : création, rituel, mémoireCe projet de recherche, dirigé par Carlo Severi, associe le Laboratoire d’anthropologie sociale et le musée du quai Branly. Il est financé par l’Agence Nationale de la Recherche pour une durée de 4 ans (2009-2013).