Archive pour la catégorie ‘Écritures rituelles’

Les hiéroglyphes micmacs

Lundi 23 mars 2009

Pierre Déléage
présentera une communication sur le thème

Les hiéroglyphes micmacs

L’historien Ignace J. Gelb estimait, dans son ouvrage A Study of Writing, qu’une écriture purement logographique, c’est-à-dire dénuée de composants phonographiques systématisés, n’avait jamais existé. Il considérait impraticable la mémorisation de “milliers de signes pour des milliers de mots” et en concluait qu’un système logographique n’aurait pu être qu’extrêmement instable. Son argument a été unanimement accepté et il est indéniablement vrai en ce qui concerne les quatre grandes écritures originelles (mésopotamienne, égyptienne, chinoise, maya) qui étaient toutes soit logo-syllabiques, soit logo-consonantiques. Les hiéroglyphes des Micmacs (groupe algonquien du Nord-Est de l’Amérique du Nord) forment cependant un contre-exemple intéressant : il s’agit d’une écriture logographique qui demeura stable pendant un peu plus de deux siècles (de 1677 à la fin du 19e siècle). Cette écriture s’est constituée à l’intersection de l’écriture phonographique des missionnaires catholiques et des divers procédés pictographiques des Amérindiens de la région. Nous étudierons les conditions très particulières de sa stabilisation et montrerons que cette technique d’inscription, loin d’être isolée, a été inventée à plusieurs reprises, dans des contextes similaires d’évangélisation, au Mexique, dans les Andes et au Canada.


Mercredi 8 avril de 14h à 16h
Salle 2, Musée du quai Branly, 218 rue de l’université, 75007 Paris

Écritures rituelles

Lundi 16 mars 2009

ositeluParmi les innovations rituelles au sein des sociétés dites à tradition orale, l’écriture tient sans conteste une place d’importance. Il peut s’agir aussi bien de l’invention d’un nouveau script que de la réappropriation d’une graphie déjà existante. Ainsi les « prophétismes scripturaires » s’appuient souvent sur un usage iconique de l’écriture qui sert avant tout à manifester l’autorité charismatique du prophète. Loin d’être le reflet d’une pensée magico-religieuse immuable, l’idéologie de l’écriture qui sous-tend ces usages rituels est inséparable de la situation dans laquelle elle prend sens. L’écriture n’est en effet pas une technologie cognitive neutre qui produirait partout et toujours les mêmes effets : elle s’inscrit nécessairement dans un contexte social, culturel et historique qui lui donne forme. Technique de pouvoir autant que de savoir, l’écriture est intimement associée à ces deux pivots du pouvoir colonial que sont la mission et l’administration. En l’intégrant à leurs traditions religieuses, les spécialistes rituels cherchent ainsi à s’approprier par mimétisme les pouvoirs de l’écriture.

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