Archive pour juin 2009

L’art et ses agents

Jeudi 4 juin 2009

gell1À l’occasion de la parution du livre d’Alfred Gell, L’art et ses agents. Une théorie anthropologique, traduction française d’Art & Agency. An anthropological theory (1998), aux Presses du réel, le département de la recherche du musée du quai Branly organise une présentation - débat en présence le Vendredi 12 juin 2009 à 18h au salon de lecture Jacques Kerchache du musée.

Il s’agira de discuter de l’actualité et des débats que le livre de Gell a contribué à soulever en anthropologie et en histoire de l’art. La discussion sera lancée par une brève introduction croisée d’un anthropologue (Olivier Allard, University of Cambridge) et d’un historien d’art (Philippe-Alain Michaud, Centre Pompidou). Seront également présents (liste non exhaustive) Maurice Bloch, Philippe Descola, Carlo Severi, Thierry Dufrêne, Ludovic Coupaye, Denis Vidal, Brigitte Derlon, Monique Jeudy-Ballini…

Quatrième de couverture :

L’art et ses agents, ouvrage posthume paru en 1998 sous le titre Art and agency, est sans doute l’une des anthropologies de l’art les plus singulières et les plus fécondes. Plutôt que de penser l’œuvre d’art en terme de beauté, Alfred Gell propose de la situer à l’intérieur d’un réseau de relations entre agents et patients qui manifestent une certaine agentivité (agency) par l’intermédiaire de l’œuvre. Cette théorie a une vocation universelle : il s’agit moins de relativiser le système occidental de l’esthétique que de se rendre sensible aux mécanismes de l’intentionnalité, des ignames décorés de Nouvelle-Guinée aux ready-made de Duchamp.

Pour universelle qu’elle soit, cette théorie demeure bien anthropologique : envisager l’œuvre d’art implique que l’on s’intéresse aux contextes de sa production et de sa circulation. C’est pourquoi Alfred Gell entend produire pour l’art ce que Marcel Mauss ou Claude Lévi-Strauss ont théorisé pour les systèmes de l’échange ou de la parenté. Empruntant à la linguistique d’Umberto Eco et à la sémiotique de C. S. Peirce (sans se plier à leurs principes interprétatifs), les termes qui entrent en jeu dans une combinatoire propre à l’objet d’art sont l’indice (l’objet lui-même), l’artiste, le destinataire et le prototype – le « réseau de l’art » désignant l’ensemble des relations qui font qu’un objet d’art est reconnu comme tel par les différents acteurs sociaux.

Les attitudes que nous avons face à ces objets doivent être comprises en les rapprochant des systèmes de causalité propres à la sorcellerie : nous inférons à travers l’objet d’art la présence d’une personne disséminée. Cette théorie déplace doublement les termes de l’esthétique occidentale (dont le concept de style) car il s’agit non seulement d’abolir les frontières théoriques entre l’art « ethnographique » des musées et celui, bien vivant, qui est produit et circule dans les sociétés, mais aussi de trouver la trame cognitive commune à La Joconde et aux proues de navires mélanésiens. L’objet d’art, dans toute culture, a un certain pouvoir de fascination, qu’on ne peut comprendre qu’en saisissant l’ensemble des interactions sociales qui président à son émergence.

Traditions et temporalités des images

Jeudi 4 juin 2009

tradtempÀ l’occasion de la parution du livre Traditions et temporalités des images, dirigé par Giovanni Careri, François Lissarrague, Jean-Claude Schmitt & Carlo Severi (éditions de l’EHESS, 2009), le département de la recherche du musée du quai Branly organise une présentation - débat en présence des auteurs le Vendredi 5 juin 2009, de 18h30-20h, au Salon de lecture Jacques Kerchache du musée.

Quatrième de couverture :

Derrière les traces du temps qu’elles reflètent, que nous racontent les images ? L’enjeu est-il notre propre mémoire ? Avec pour point de départ ces questions, historiens, anthropologues et historiens de l’art analysent plus de vingt-cinq siècles de productions artistiques d’Europe, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique. La multiplicité des temps n’a d’égale que la faculté infinie de chaque image de les mettre en consonance. Les images sont le reflet de leur époque, de la vie de leur créateur; elles témoignent de traditions techniques, iconiques, mettent en scène des civilisations lointaines, évoquent passé, présent, futur. Si l’axe historique est privilégié, des rapprochements moins convenus sont faits entre chaque séquence de ce collectif: le temps de la production des images, l’image comme trace mémorielle, la mise en scène de la complexité des temps, la fin des temps comme horizon de la figuration (eschatologie, utopie), le métissage culturel et des conceptions du temps, les reformulations techniques et idéologiques de l’image contemporaine. L’approche, riche et variée, fait (re)découvrir des chefs-d’œuvre de l’art aussi bien que des joyaux méconnus. Les cent vingt planches en couleurs magnifient ces analyses originales.