Archive pour la catégorie ‘Anthropologie et pragmatique’

Conférences de William Hanks

Mercredi 30 mai 2012

William Hanks, Professeur à l’Université de Californie, Berkeley, interviendra les 23 et 30 Mai et le 6 Juin (Salle 2, Musée du Quai Branly).

Le thème qu’il a choisi est : Coprésence et intersubjectivité rituelle

Voici le programme des séances:

Séance 1. La Place de l’objet dans le rapport intersubjectif

(23 Mai, 14h, Salle 2, Musée du Quai Branly)

Dans sa phénoménologie des rapports intersubjectifs, Alfred Schutz a établi une série de principes, dont la réciprocité des perspectives, la convergence (dovetailing) des motivations, la co-présence vécue des sujets, et le “stock of knowledge,” qui consiste en connaissance et savoir acquis. Ces principes servent à distinguer plusieurs éléments de la parole rituelle, mais ne sont pas suffisants. D’une part, le traitement du corps dans les écrits de Schutz est trop limité, et d’autre part les objets jouent un rôle plus important dans l’intersubjectivité que ce qu’il a prévu. Pour le corps, c’est plutôt Merleau Ponty qui a établi les bases d’une analyse adéquate. Dès qu’on prend en compte l’objet, il faut concevoir le rapport intersubjectif non pas en deux termes (Sujet - Sujet) sinon à trois termes (sujet  - Objet - Sujet). Je propose qu’au cours des pratiques rituelles chamaniques, les objets rituels jouent un rôle fondamental dans la production de l’intersubjectivité entre le chamane, ses esprits familiers et le client.

Séance 2. Regards sur les objets rituels

(30 Mai, 14h, Salle 2, Musée du Quai Branly)

Une fois introduit comme élément d’intersubjectivité, l’objet vient jouer un rôle crucial dans le champ rituel. Sur l’autel chamanique maya se trouvent plusieurs sortes d’objets dont les plus importants sont les santos “saints”, [images, statues] et les saástun ‘cristaux divinatoires.’ Ces objets incorporent la sédimentation de l’histoire de leur propre production comme de leur usage, et ils attirent à l’autel les esprits-dieux qu’ils représentent. Nous allons  explorer ces objets en détail dans le contexte de leur fonctions dynamiques dans le rite et dans l’interaction entre les participants qui y sont impliqués.

Séance 3. L’énonciation rituelle maya

(6 Juin, 14h, Salle 2, Musée du Quai Branly)

La parole rituelle est au coeur du rite, et c’est elle qui met en mouvement les objets et les processus interactifs qui les impliquent. En Maya la parole et le chant chamaniques se réalisent dans un registre particulier qui implique l’indexation des qualités et du pouvoir d’attirance des santos et des crystaux. C’est en priant que le chamane les rend actifs, faute de quoi les crystaux restent inertes. A la fois expression du chamane et  parole des esprits, le parler rituel effectue des transformations du sujet chamanique, des esprits auxquels il s’adresse et du patient qu’il soigne.

Discours rituels amazoniens

Mardi 4 octobre 2011

La dernière livraison du Journal de la société des américanistes vient de paraître : il contient un dossier spécial dirigé par Pierre Déléage intitulé Discours rituels en Amazonie. Ce dossier a été en partie financé par le projet ANR et plusieurs de ses membres y ont participé.

Journal de la société des américanistes 97 (1), Discours rituels en Amazonie.

Pierre Déléage : Présentation. Les discours du rituel

Christopher Ball : As Spirits Speak. Interaction in Wauja Exoteric Ritual

Laurent Fontaine : Les cours d’eau dans les incantations chamaniques des Indiens yucuna (Amazonie colombienne)

Cédric Yvinec : Invention et interprétation. Chants de boisson et chants chamaniques chez les Suruí du Rondônia

Andréa-Luz Gutierrez Choquevilca : Sisyawaytii tarawaytii. Sifflements serpentins et autres voix d’esprits dans le chamanisme Quechua du haut Pastaza (Amazonie péruvienne)

Pedro de Niemeyer Cesarino : Entre la parole et l’image. Le système mythopoétique marubo

Lucas Bessire : Ujnarone Chosite. Ritual Poesis, Curing Chants and Becoming Ayoreo in the Gran Chaco

Emmanuel de Vienne : Pourquoi chanter les ragots du passé ? Itinéraire historique d’un chant rituel trumai (Mato Grosso, Brésil)

Paroles en actes

Jeudi 3 décembre 2009

couv_parolesenactesNous sommes heureux de vous annoncer la parution de Paroles en actes, volume 5 des Cahiers d’anthropologie sociale, dirigé par Carlo Severi et Julien Bonhomme (Paris, L’Herne, 192 pages). Cet ouvrage collectif inclut les contributions de plusieurs membres de l’équipe ANR “Art • Rituel • Mémoire”.

Sommaire

Carlo Severi et Julien Bonhomme
Introduction. Anthropologie et pragmatique

Carlo Severi
La parole prêtée. Comment parlent les images

Alan Rumsey
L’anthropologie a-t-elle besoin de sa propre pragmatique ?

Pierre Déléage
Les savoirs et leurs modes de transmission dans le chamanisme sharanahua

William F. Hanks
Comment établir un terrain d’entente dans un rituel

Julien Bonhomme
Alerte aux voleurs de sexe ! Anthropologie pragmatique d’une rumeur africaine

François Berthomé
Démêler, raccommoder. Analyse interactionnelle de quelques dispositifs de conciliation

Luc Boltanski
L’inquiétude sur ce qui est. Pratique, confirmation et critique comme modalités du traitement social de l’incertitude

An anthropology of uncanny encounters

Mercredi 11 novembre 2009

flammarionbuguet2En collaboration avec l’Université de Cambridge et le projet ANR “Anthropologie de l’art: création, rituel, mémoire”, se tiendra les mercredi 16, jeudi 17 et vendredi 18 décembre à Cambridge un colloque intitulé:

Figuring the invisible. An anthropology of uncanny encounters

et organisé par Grégory Delaplace, Carlo Severi et Julien Bonhomme.

Vous trouverez toutes les informations concernant ce colloque en cliquant sur ce lien. En voici néanmoins un avant-goût :

The aim of this conference is to foster anthropological research on stories of encounters with ghosts, spirits and other invisible things. Ethnographers have long collected narratives of people’s encounters with souls or spirits, sudden and often most unexpected interactions with an otherwise invisible dimension of the world. These narratives of how the invisible might furtively become visible typically describe partial or uncanny interactions, which take witnesses out of the frame of their everyday life, and give them a glimpse of an occult aspect of their ordinary environment.

Recently, anthropological research on people’s encounters with the invisible has tended to develop in three different directions: ghosts, on the one hand, have been studied as facts of perception. Cognitive anthropologists, in particular, have given a new impetus to this field of research by drawing attention to the mental processes underlying the representations about supernatural entities. By doing so, they have shown to what extent the manifestation of ghosts and spirits comply or violate the intuitive expectations of the mind, and how this kind of situation would activate cognitive mechanisms shaped through evolutionary adaptations. On the other hand, invisible entities have been analysed as materialisations of sailliant –and almost always traumatic– events carried by collective memory. Ghosts, in this perspective, draw their significance from the social and historical context in which they are reported to appear. A third group of scholars has suggested to focus on the production of ritual objects and other kinds of images (including mental representations described in narratives), which may account for this kind of experience.

The purpose of this conference is to bring together these three trends of research in a single approach, by studying how perception and imagination meet within a specific encounter with the invisible. In this conference, the common ground for discussion will be based on ethnography and, as much as possible, on the narratives and the images themselves. Ghost stories and anecdotes of people’s encounters with spirits are indeed too often relegated to the background of scientific accounts. The participants of this conference will be encouraged to focus on specific narrated encounters with the invisible, as well as on the processes of generating images that account for this kind of experience. Discussing examples drawn from several societies, contributions will thus shed new light on people’s relationship with supposedly invisible beings, like ghosts and spirits, by analyzing their manifestations in their cognitive, social and aesthetical contexts.

Les Voleurs de sexe

Mercredi 11 novembre 2009

voleurs_sexeDans le cadre du séminaire “Anthropologie de la mémoire” organisé par Carlo Severi,

Julien Bonhomme (musée du quai Branly) présentera son livre:

Les Voleurs de sexe. Anthropologie d’une rumeur africaine (Seuil, 2009)

le mercredi 9 décembre de 14h à 16h au musée du quai Branly (salle de cours 2).

Quatrième de couverture :

C’est en mars 2001 au Gabon que Julien Bonhomme entend pour la première fois parler des « voleurs de sexe ». Des individus sont accusés d’avoir fait disparaître les organes génitaux d’inconnus dans la rue, à l’occasion d’une banale poignée de mains. Les incidents se multiplient et plusieurs voleurs présumés sont lynchés. Il ne s’agit pas d’un cas isolé : les vols de sexe ont déjà touché à différentes reprises une vingtaine de pays d’Afrique subsaharienne depuis les années 1970.

Comment rendre compte d’un tel phénomène, inédit par son ampleur spatiale et temporelle, sans tomber dans le cliché d’une Afrique perçue sous l’angle de l’altérité exotique ? Critiquant la conception péjorative qui surdétermine le regard savant sur les rumeurs, l’auteur de ce livre n’envisage pas le vol de sexe en termes de pathologie ou de superstition, mais s’attache à mettre au jour les facteurs qui expliquent le succès culturel de cette rumeur singulière sur une si vaste échelle. Il articule vue d’ensemble et vue de détail afin de rendre compte tant de la diffusion internationale de la rumeur que des situations d’interaction au sein desquelles surviennent les accusations.

Plutôt qu’une anecdote prêtant à rire, le vol de sexe ne serait-il pas une affaire exemplaire permettant de comprendre l’Afrique urbaine contemporaine, les formes de sociabilité et les modes de communication qu’elle suppose ?

Communication de François Berthomé

Lundi 27 avril 2009

Dans le cadre du séminaire “Anthropologie de la mémoire” organisé par Carlo Severi,

François Berthomé (doctorant, EHESS) présentera son travail sur:

Les évanouis. Analyse des ressorts interactifs de la transe dans la cérémonie garifuna du dügü (Bélize)

le mercredi 29 avril de 14h à 16h au musée du quai Branly (salle 2).

Anthropologie et pragmatique

Lundi 16 mars 2009

L’acte verbal n’est pas seulement pris dans une interaction sociale, il peut en être la source, l’instrument ou l’enjeu. Cet aspect pragmatique de la parole a depuis longtemps intéressé les anthropologues, dans la mesure où l’on peut dire que le sens d’une proposition est pleinement comparable à un acte efficace. Cette intuition forte est pourtant restée sans véritable écho ou, du moins, n’a jamais été entièrement prise au sérieux. L’enjeu de la rencontre entre linguistique et anthropologie porte sur la définition du concept de « contexte » : strictement limité aux moyens linguistiques d’expression pour les uns, il est nécessairement élargi à d’autres formes de communication pour les autres. Comment, par conséquent, imaginer un style d’analyse capable d’inclure les acquis techniques de l’analyse des linguistes, mais aussi de tenir pleinement compte de l’apport des moyens de communication non linguistiques ? Comment articuler une approche fondée sur l’identification des indices linguistiques du contexte et une approche centrée sur l’étude des modalités sociales de l’interaction ? Et peut-on à partir de cette perspective croisée jeter un regard nouveau sur la communication rituelle ?

Lire le reste de cet article »